samedi 27 décembre 2008

Entre la République Tchèque et la France, une Amitié séculaire


Une Amitié qui jaillit de la profondeur des siècles
620 : Dans la " Chronique dite de Frédégaire " vraisemblablement rédigée en Bourgogne au VIIème siècle, on apprend qu’un marchand franc, Samo, parvient à fédérer les peuples tchèques pour se libérer des Avars, nomades qui les pillaient. Un royaume Slave est crée dans les années 620 avec le roi Samo. Ce chapitre initial de l’histoire des Slaves de l’espace Tchéco-morave s’achève en 658 à la mort de Samo.

En 1310, Jean de Luxembourg, éduqué à la cour de Philippe le Bel et époux de la princesse Prémyslide Elisabeth, est élu roi de Bohême. Il devient une figure légendaire en Bohême quand, en 1346, à la bataille de Crécy, il combat et meurt au sein de l’armée française.
Jean de Luxembourg avait envoyé son fils aîné, Venceslas, né en 1316, à Paris, à la cour de Charles IV le Bel, dernier des capétiens pour qu’il y poursuive ses études. L’année suivante Charles IV épousa la sœur de Jean de Luxembourg.
A Paris, une union stratégique attend le jeune Venceslas, il est marié à Blanche de Valois, proche parente de Charles le Bel. La cérémonie est célébrée à la Sainte Chapelle. A sa confirmation, il reçoit le prénom du roi de France, son oncle et son parrain. Le jeune Charles fréquente l’Université de Paris et se noue d’amitié avec l’abbé de Fécamp, Pierre Roger, futur pape Clément VI.
Le prince Charles regagne la Bohême en 1333. En 1346, Charles devient empereur du Saint Empire et roi de Bohême sous le nom de Charles IV ; Prague devient capitale du Saint Empire romain germanique et prend un essor considérable (première université d’Europe Centrale et le maître tchèque Vocjèch Rankuv de Jezov est élu recteur de la Sorbonne en 1355).
En cette veille de présidence tchèque de l’UE, il est nécessaire de rendre hommage à Georges de Poděbrady, roi de Bohême au XVe siècle, mais aussi auteur d’un projet détaillé d’union des puissances chrétiennes d’Europe. Georges de Poděbrady rédige son texte en 1463. « Georges de Poděbrady était évidemment un politicien pragmatique. S’il a insisté tellement sur le rôle de la nation Gallica, donc du royaume de France, c’est parce qu’il a voulu que son projet soit adopté par le roi de France Louis XI mais j’y verrais aussi le rôle de son conseiller Antonio Marini, de Grenoble, Français. » ainsi s'exprime Martin Nejedlý, professeur d’histoire médiévale à l’Université Charles de Prague








Une carte de l’Europe datant du XVIe siècle, que l’on doit à un certain Johannes Putsch, résume bien l’Europe de Georges de Poděbrady. L’Europe est représentée sous l’aspect d’une femme, dont la France est la tête et la Bohême le médaillon qui orne son vêtement.


En 1805, menés par l’empereur Napoléon, les français remportent une grande victoire sur les Russes et les Autrichiens à Slavkov en Moravie du sud (Austerlitz). La Bohême est épargnée par les guerres napoléoniennes
(le 6 janvier 1999, psur le lateau de Pratzen, quatre tabernaciens à la recherche du légendaire "soleil d'Austerlitz"



1914/1918, l’assassinat de François Ferdinand à Sarajevo est l’élément déclencheur de la guerre.

Le château de Konopiste,environ 25 minutes de Sedlcany, fut la dernière demeure de l'archiduc François Ferdinand.

Dès juin 1914, les organisations tchèques en France dont le Sokol choisissent le camp de la France. En octobre, la compagnie " Nazdar " retrouve le front en Champagne
De nombreux tchèques et slovaques tombent au combat en mai 1915 dans la bataille de Neuville-Saint-Vast (La Targette).
Le 1er mai 1915, Ernest Denis fait paraître le premier numéro de La Nation tchèque (1915-1919) qui devient l’une des tribunes majeures de l’organisation progressivement mise en place par Masaryk, émigré en France.
Le 6 juillet, celui-ci profite du 500ème anniversaire de la mort de Jan Hus pour préparer la reconnaissance de la nation tchèque.
En septembre 1915, Edvard Benes , obligé de quitter la Bohême rejoint Masaryk (Benes avait fait ses études à Dijon).

Photographie de Tomas Garrigue Masaryk sur la couverture de l'ouvrage de notre ami Alain Soubigou
(La version française a été préfacée par Vaclav Havel et A. Soubigou a reçu le prix Beaumont de l'Académie Française pour cet ouvrage)



Au cours de l’année 1916, le triumvirat Masaryk, Stefanik et Benes va peu à peu donner corps au " Conseil national des Pays Tchèques " ensuite baptisé " Conseil national tchécoslovaque ". T.G. Masaryk qui préside ce Comité signe avec la France, un accord qui permet l’organisation de l’armée tchécoslovaque encadrée par des officiers français (1ère Brigade T.).



Le 29 juin 1918, la France reconnaît le Conseil national, première assise du futur gouvernement. Le 30, Raymond Poincaré rend visite aux régiments tchécoslovaques à Darney. Enfin le président américain Wilson, longtemps opposé au démantèlement de l’Empire austro-hongrois finit par soutenir à l’autodétermination des peuples de l’Empire. Le 26 septembre 1918, un premier gouvernement tchécoslovaque, dont Masaryk, Stefanik et Benes se partagent les portefeuilles est constitué à Paris. La " Déclaration de Washington " du 18 octobre signée par les trois membres du gouvernement de Paris, reconnaît la naissance de la République Tchécoslovaque Indépendante qui est proclamée



le 28 octobre 1918 à la Maison Municipale de Prague. Il s’ensuit une très grande coopération, voire complicité, entre les Républiques Française et Tchécoslovaque. Le français est parlé et enseigné en République Tchécoslovaque. Une coopération très intense, peut-être trop intense qui s’écroule en septembre 1938 par les accords de Munich. Les " allemands " des Sudètes servent de prétexte à Hitler. En France, la signature de ces accords suscite des réactions contradictoires.



Dans son roman, G.M Benamou nous fait revivre heure par heure cette journée fatale. Le Président du Conseil, E. Daladier, surnommé le taureau du Vaucluse, se rend à Munich avec le secrétaire général du quai d'Orsay, Alexis Léger (à noter que A. Léger avait reçu, quelques années plus tôt le prix Nobel pour son oeuvre poétique publiée sous le nom de Saint-john Perse). En France, E. Daladier avait une position instable à la présidence du Conseil. Côté anglais, les contacts lui furent refusés, Chamberlin espérant tiré profit de la rencontre avec Hitler. L'impréparation de l'armée française lui était présenteé... E. Daladier, au retour de Munich, était dépité, ne se faisant aucune illusion sur les ambitions d'Hitler. Devant la foule venue l'acclamer à son arrivée au Bourget, le Président aurait marmonné "Pauvres c...."



9 Décembre 1988 : François Mitterrand, lors de sa visite d’Etat à Prague, convie V. Havel et d’autres dissidents à un petit déjeuner " historique ". C’est le premier chef d’Etat au monde à les reconnaître comme force politique légitime.



Vernissage de l'exposition "Beautés et Secrets de la République Tchèque", 15 au 30 novembre 2003, dans les salons de l'Hôpital du Parc à Taverny (de G. à D. : M. Bigot, maire adjoint à l'action culturelle, Monsieur Karel Peroutka, Premier secrétaire auprès de SEM l'ambassadeur, et Le Président de l'association). Cette exposition arrivait directement de Bruxelles et présentait la plupart des faits évoqués ci-dessus.